Amazon pose la première pierre de son ordinateur quantique. Ou plutôt, le premier qubit, du nom de l'unité de stockage d'information quantique ; un terme auquel il faudra s'habituer. Pour cela, l'américain ouvre cette semaine son AWS Center for Quantum Computing. Histoire de raccourcir au maximum le lien entre recherche fondamentale et applications commerciales, ce centre prend place sur 2.000 mètres carrés en plein Caltech, le prestigieux Institut de technologie de Pasadena, en Californie.
Amazon avait annoncé ce projet en 2019, la même année où il lançait son programme Amazon Braket, une offre d'informatique quantique dans le cloud, proposée par trois start-up partenaires (D-Wave Systems, IonQ et Rigetti Computing) et destinée aux scientifiques. Le centre est dirigé par le physicien de Caltech Oskar Painter. Les travaux reposeront sur des développeurs d'AWS, des chercheurs de Caltech et d'autres institutions comme l'Université de Washington, de Stanford, le MIT, et Harvard.
L'aura du pionnier Richard Feynman
« Notre centre est basé sur le campus car cela nous permet d'interagir avec les étudiants et les professeurs des principaux groupes de recherche en physique et en ingénierie, qui sont situés à quelques bâtiments de nous », fait valoir dans un communiqué Nadia Carlsten, cheffe de produit à l'AWS Center for Quantum Computing. Caltech, c'est aussi Richard Feynman, Prix Nobel de physique 1965 pour ses travaux fondamentaux sur l'électrodynamique quantique. Il est réputé être un pionnier de l'informatique quantique depuis 1981.
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Si AWS (Amazon Web Services, la branche cloud computing d'Amazon) se montre si proche de la recherche académique, c'est parce que la discipline n'en est qu'à ses balbutiements. Pour être trivial, les fameux « écrans bleus » de Windows 95 n'étaient rien à côté des nombreuses erreurs de calcul des ordinateurs quantiques. « Les qubits font à peu près une erreur toutes les cent opérations », expliquait récemment aux « Echos » Théau Perronin, fondateur de la start-up française Alice & Bob , qui bâtit son propre ordinateur.
Le Graal du faible taux d'erreur
« La mesure ultime de la qualité de nos qubits sera le taux d'erreur », annonce Amazon. Ce sera le nerf de la guerre pour que ces machines attendues pour révolutionner la science et l'industrie aient des applications concrètes. Trois technologies principales se disputent le marché pour l'instant : les supraconducteurs (utilisés par Amazon, IBM ou Google ), les ions piégés (sur lesquels misent les start-up Honeywell ou IonQ) et les photons (utilisés par le chinois Jiuzhang ). Dans tous les cas, l'état quantique reste fragile et les erreurs nombreuses.
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L'abécédaire du quantique
Pour réduire le taux d'erreur, AWS mise sur une approche hybride, combinant le niveau matériel (avec des qubits redondants) et le niveau « logique » (une couche logicielle codant les informations quantiques et pouvant détecter et corriger les erreurs).
Une chose est sûre, une fois qu'Amazon rendra ses nouvelles capacités de calcul disponibles, cela se fera par le cloud. « Avec le quantique, on repart aux débuts de l'informatique avec des machines très imposantes », compare Théau Perronin, de la start-up Alice & Bob. Autrement dit, impossible d'installer de telles usines chez le client.
Avec près de deux tiers du marché mondial du cloud en 2021 (selon Synergy Research Group), devant Microsoft Azure (20 %) et Google Cloud (9 %), AWS est bien placé. Pour Théau Perronin, Amazon « a compris que dans cette phase de balbutiement, celui qui contrôle la chaîne de valeur, c'est celui qui maîtrise le hardware ». Ce qui a fait le succès du cloud d'Amazon, derrière l'interface logicielle, ce sont bien ses serveurs. Avec le quantique, Amazon ne repart peut-être pas de zéro. Disons quelque part entre zéro et un.
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