French

L'Apple TV sacrifiée au profit du futur service vidéo d'Apple ? | iGeneration

  • Accueil
  • Article
  • L'Apple TV sacrifiée au profit du futur service vidéo d'Apple ? | iGeneration
L'Apple TV sacrifiée au profit du futur service vidéo d'Apple ? | iGeneration
Images
  • Par electronics-phone
  • 725 Vues

Apple a réussi à être au centre de l’attention au CES 2019 sans y mettre un pied. Il faut dire que Samsung qui annonce la prise en charge de services Apple jusque-là jalousement gardés, c’est inédit. Une annonce qui s’est ensuite répétée par trois fois. L'Apple TV sacrifiée au profit du futur service vidéo d'Apple ? | iGeneration L'Apple TV sacrifiée au profit du futur service vidéo d'Apple ? | iGeneration

AirPlay vidéo ne sera bientôt plus exclusif à l’Apple TV. Si vous achetez un nouveau téléviseur Samsung, LG, Sony ou Vizio cette année (ou que vous possédez un modèle récent, selon les fabricants), vous pourrez diffuser dessus des vidéos directement depuis votre Mac ou votre terminal iOS. Du jamais vu.

Jusqu’à présent, Apple permettait seulement aux constructeurs tiers d’intégrer AirPlay audio. Il y a bien quelques appareils autres que l’Apple TV qui sont compatibles avec AirPlay vidéo, notamment la Freebox, mais il s’agit dans tous les cas de solutions non officielles, à base de rétro-ingénierie, avec les risques d’instabilité que cela représente.

En outre, le catalogue iTunes sera disponible sur les téléviseurs Samsung et on pourra contrôler les modèles de LG, Sony et Vizio depuis son iPhone grâce à HomeKit.

Pourquoi Apple ouvre-t-elle tout à coup ses technologies maison aux principaux fabricants de téléviseurs ? Pour son futur service de vidéo à la demande.

Depuis l’alerte sur résultats parue le 2 janvier sur fond de ralentissement des ventes d’iPhone, Tim Cook insiste plus que jamais sur ce point : les services, qui « cartonnent », vont occuper une place de plus en plus significative dans le chiffre d’affaires de l’entreprise.

Au troisième trimestre 2018, les recettes des services ont progressé de 17 % sur un an, pour atteindre quasiment 10 milliards de dollars. L’iPhone, lui, a rapporté 37,1 milliards de dollars (+ 29 %), mais le nombre d’unités vendues a fait du surplace (+ 0,45 %).

Apple peut espérer faire croître l’activité services en convertissant de plus en plus d’utilisateurs à Apple Music, Apple Pay, aux abonnements et au stockage iCloud. Or, on l’a vu, les ventes d’iPhone s’essoufflent. Ajoutez à ça Netflix et Amazon Prime Video qui se développent au détriment d’iTunes, et le besoin d’un service de vidéo par abonnement est critique.

L'Apple TV sacrifiée au profit du futur service vidéo d'Apple ? | iGeneration

Depuis 2017, Apple engrange des dizaines de projets pour pouvoir proposer sur sa future plateforme les programmes exclusifs indispensables à son attractivité. Oprah Winfrey, M. Night Shyamalan, Damien Chazelle, Jennifer Aniston… Apple s’est déjà attaché les services de plusieurs noms célèbres, mais encore faut-il que son catalogue soit largement accessible dans les salons.

C’est là qu’il y a un hic. Aussi sympathique soit-elle, l’Apple TV reste année après année marginale — qui a dit un «hobby » ? Aux États-Unis, dans le parc des appareils de streaming, sa part de marché était de 15 % début 2018, soit quatre points de moins qu’à la même période un an plus tôt.

Vous imaginez vous abonner à « Apple Video », appelons le service comme ça, si vous ne pouvez pas en profiter sur votre téléviseur ? D’où la nécessité pour Apple de nouer des partenariats avec des fabricants de téléviseurs.

La compatibilité AirPlay n’est peut-être qu’une première étape. L’application iTunes des TV Samsung ne va-t-elle pas se transformer comme par magie en Apple Video une fois que le service sera lancé ? Apple va-t-elle pousser son service jusqu’à le rendre compatible avec le Chromecast ou autoriser AirPlay sur plus d’appareils ?

Cette ouverture, logique stratégiquement du point de vue des services, pose de nombreuses questions. On peut se demander si cette extension d’AirPlay ne va pas entraîner des complications en matière de compatibilité, comme c’est le cas sur Android TV.

Pour s’assurer que leurs contenus sont bien protégés, les ayants droit demandent aux différents services vidéo de leur faire valider chaque appareil Android, sans quoi ils n’ont pas droit de diffuser dessus en 4K ou en 1080p. C’est pour cette raison que Netflix ne fonctionne pas en Full HD, voire du tout, sur certaines box Android TV d’entrée de gamme.

Il faudra voir si Apple a bien pris les devants pour éviter une fragmentation similaire avec AirPlay sur les téléviseurs tiers. Autrement on risque de se retrouver avec une compatibilité AirPlay à deux vitesses pour les vidéos des services de streaming les plus populaires.

Une autre interrogation concerne l’avenir de l’Apple TV. Les futurs téléviseurs des partenaires d’Apple risquent de lui faire de l’ombre. À quoi bon acheter le boîtier si votre télé dispose de ses fonctions principales ?

La liste des avantages restant à l’Apple TV n’est pas longue : une bonne expérience utilisateur (mais une télécommande qui divise), le rôle de concentrateur HomeKit (ça ne semble pas être le cas des futures TV), et un écosystème applicatif plus riche et mieux maintenu.

Cependant, les téléviseurs connectés de Samsung ne sont pas mal lotis en la matière. Ils disposent des apps essentielles : Netflix, Molotov, myCanal, Amazon Prime Video, OCS, RMC Sport, beIN Sports (pas dispo sur tvOS), MyTF1 et YouTube… en 4K, ce qui n’est pas le cas sur l’Apple TV 4K.

S’il fallait encore noircir le tableau de l’Apple TV, il y a cette rumeur parue en fin d’année dernière de dongle HDMI. La firme réfléchirait à fabriquer un Chromecast maison, qui permettrait donc d’ajouter une compatibilité AirPlay à n’importe quel téléviseur pour un prix modique.

Malgré tout, l’Apple TV n’est pas forcément condamnée. Elle pourrait continuer sa route comme un produit de niche, ce qu’elle a finalement toujours été, ou comme une sorte de plateforme de référence. Ce serait plus que dommage de jeter à la poubelle la plateforme mûre qu’est devenue tvOS.

Le HomePod est dans une situation assez similaire. La compatibilité d’Apple Music avec Alexa pourrait détourner une partie des utilisateurs du service de l’achat d’une enceinte Apple. Mais celle-ci reste pertinente par sa qualité audio incomparable avec les appareils Echo — qui sont pour l’heure les seuls à supporter Apple Music.

C’est la problématique qui va se poser pour Apple dans les mois et les années à venir : ne pas sacrifier ses produits sur l’autel de la démocratisation de ses services. Tout un programme.