Il fait partie des cinquante-cinq nommés aux César 2022. Le réalisateur Élie Girard, qui a grandi à la Châtre (Indre), est en lice dans la catégorie du meilleur film de court-métrage de fiction. Avec "Les mauvais garçons", il entame une nouvelle étape dans sa carrière.
Cette nuit-là est pluvieuse. Mais cela n’empêche pas les trois jeunes hommes d’aller manger à leur Kebab habituel. Victor annonce à ses amis, Guillaume et Cyprien, qu’il va être papa. Cette nouvelle va bouleverser les habitudes de ce petit groupe.
Voilà le début du moyen-métrage d’Élie Girard, Les mauvais garçons, trente-neuf minutes au compteur. Déjà plusieurs fois récompensé – prix de la presse au festival Télérama de Clermont-Ferrand notamment – il vient d'être nommé aux César, mercredi 26 janvier, dans la catégorie du meilleur film de court-métrage de fiction. "C’est une super étape", s’enthousiasme Élie Girard, le réalisateur. "Ça permet d’exister dans le monde du court-métrage. Pour les futurs projets, ça compte vachement".
La découverte du cinéma
C’est aussi "un boost de confiance" pour ce réalisateur de 38 ans, né à Cholet (Maine-et-Loire) et qui a grandi à la Châtre (Indre) et où il y reste jusqu’à son bac. C’est à l’adolescence qu’il découvre le 7e art grâce à une professeur de français, "une bonne étoile". "J’ai senti que je pouvais grandir en m’évadant dans quelque chose de l’ordre de la culture, de la beauté", raconte-t-il.
Impossible de se souvenir des tous premiers films qu'il a vus. Mais il cite Stanley Kubrick, le réalisateur de 2001, l’Odysée de l’espace. Il aime aussi le cinéma français : les classiques – Maurice Pialat, Claude Sautet, Eric Rohmer – comme les plus contemporains – Sophie Letourneur et Guillaume Brac.
Quand il découvre le cinéma, il se pense toujours derrière la caméra et pas devant. Impossible pour lui d’être comédien. "Si on allume une caméra, je deviens nul, je fais n’importe quoi. C’est frustrant parce que c’est beau d’être comédien". Maisaffirmer son envie d’être réalisateur a été longue. Il ne sentait pas légitime. "Je n’assumais pas complètement ce désir-là".
Devenir légitime
Après le bac, il poursuit ses études : un BTS Audiovisuel à Angoulême (Charente), la faculté à Paris et enfin l’ENS Louis Lumière à Lyon, entre 2005 et 2008. Diplôme en poche, il se lance dans la vie active : assistant caméra stagiaire sur des longs-métrages mais aussi directeur de la photographie sur des courts-métrages. Il réalise par ailleurs des documentaires de musique et des clips, comme celui de Clara Lucciani. Pour Élie Girard, cet expérience des plateaux est un plus quand il se lance dans la réalisation. Ça permet de "comprendre une dynamique de plateau, d’être plus à l’écoute, d'être bienveillant".
Pour continuer sa progression vers la réalisation, il passe d’abord par l’écriture. Son ordinateur regorge d’histoires, sans qu'elles ne prennent vie. "J’écrivais sans avoir de désir, ni de besoin absolu que ça existe". Pour se perfectionner, il intègre en 2015, pendant un an, l’atelier scénario à la Fémis.
D'une fiction radiophonique à un moyen-métrage
Quand on regarde Les mauvais garçons, on a du mal à croire que l’histoire était d'abord destinée à France Culture. Une série de dix épisodes de sept minutes où tout passait par les bruitages et les dialogues. Le projet n’a pas abouti à Radio France. Mais il s’est transformé en film. "Il y avait cinq personnages au départ. Quand j’ai réécrit, j’en ai gardé quatre, puis trois, puis deux. L’histoire, les anecdotes, l'arc narratif, une grossesse à laquelle on n'assiste pas, je les ai gardés", explique Élie Girard.
Il a aussi conservé le titre. "On imagine des bad boys. J’aimais bien que le film prenne le contre-pied de cette attente. À l’intérieur, il y a vraiment ce que je veux raconter, une masculinité, une virilité en décalage, regardée sous un autre angle".
C’est cette version radiophonique que Pauline Seigland va lire. Avec Lionel Massol, elle vient de lancer, en 2015, sa boîte de production, Films Grand Huit. Pendant un an et demi, ils montent le projet ensemble. "On y a tout de suite cru. On lui a dit qu’importe ce qu’il se passerait au niveau des financements, on le ferait. On a eu un super partenaire, Arte, qui a pré-acheté le film, sur la base du scénario. On a eu un petit soutien du CNC. Et puis la région Grand-Est et la ville de Nancy nous ont soutenus", détaille Pauline Seigland. Dix jours de tournage, en octobre 2019. "C’est le moment où je me sens le plus serein. C’est ce que j’ai fait le plus dans ma vie", commente Élie Girard.
Le réalisateur n'a pas encore trouvé son style. "Quand on a fait un film, on n’a pas encore inventé qui on est". Mais il aime "être en immersion, avec les décors, les personnages, avec des focales un peu courtes, une caméra assez proche, des décors qui se déplacent avec eux de manière presque charnelle". Il veut en tout cas faire quelque chose d'honnête, de sincère. "Les moments où l'on sort de sa propre pudeur, on touche quelque chose de juste et de très sincère. J’essaye de m’accrocher à ça".
Une trentaine de projections pour Les mauvais garçons
Les mauvais garçons sort en salle, associé à un autre court-métrage, Pauline asservie de Charline Bourgeois-Tacquet. La programmation s’appelle "Tous les garçons et les filles". Elle sera présentée le 9 février prochain à l’Apollo, à Châteauroux (Indre). "Ils se répondent bien. Ce sont des gens qui attendent, qui voient les trains passés. Il y a une belle similitude", commente Pauline Seigland. Une trentaine de cinémas en France vont projeter le diptyque. "Ce n’est que du bonus", se réjouit Élie Girard.
La suite pour lui ? La diffusion courant 2022 sur la chaîne OCS de Platonique. Il a co-écrit et co-réalisé cette série avec Camille Rosset. Il planche également sur son premier long-métrage. "C’est un objectif qui prend du temps".
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