On estime qu’entre 4 et 5 % des élèves d’une classe d’âge sont dyslexiques. Quels symptômes doivent alerter les parents ? A quel âge diagnostique-t-on une dyslexie ? Comment rééduquer ? Toutes les réponses de l’experte.
Qu’est-ce que la dyslexie ?
« La dyslexie est un trouble du développement d’origine neurologique, présent dès la naissance et qui persiste tout au long de la vie, explique Hélène Dubois, orthophoniste. Cela signifie que le cerveau des enfants dyslexiques ne se développe pas et ne fonctionne pas comme celui des personnes non dyslexiques. C’est cette organisation différente du qui fait que les dyslexiques ont tellement de difficultés avec le langage écrit. La dyslexie est également très souvent héréditaire. Elle peut s’accompagner de troubles associés comme le retard de langage, des difficultés de mémoire auditive, des difficultés de traitement des informations visuelles…»
La dyslexie fait partie des troubles d’apprentissage (‘troubles dys’) comme la dysorthographie (trouble dans l’acquisition et la maîtrise de l’orthographe), la dysgraphie (trouble affectant l’écriture et son tracé avec une écriture trop lente, illisible ou fatigante) ou la dyscalculie (trouble d’apprentissage qui touche les mathématiques).
Quelle sont les différentes formes de dyslexie
On distingue plusieurs types de dyslexie.
À lire aussiQuels sont les symptômes à repérer chez l’enfant ?
On ne peut pas parler de dyslexie avant deux ans d’apprentissage de la lecture, mais des signes d’alerte peuvent être repérés avant l’âge de 6 ans :
Les signes de dyslexie à partir du CP (6 ans)
Les signes de dyslexie à partir du CE2 (8 ans)
A quel âge se fait le diagnostic de dyslexie ?
« Le diagnostic de dyslexie ne se fait pas avant l’âge de 7 à 8 ans afin que l’enfant ait le temps d’entrer dans le langage écrit, précise l’orthophoniste. Et il faut qu’il y ait une combinaison de plusieurs types d’erreurs qui perdurent dans le temps, malgré l’aide apportée par le professeur des écoles de l’enfant. »
Comment diagnostique-t-on une dyslexie ?
Le diagnostic de dyslexie est posé par l’orthophoniste après la réalisation d’un bilan. Ce dernier est long.« Effectivement, on réalise d’abord l’anamnèse, c’est-à-dire l’ensemble des renseignements nécessaires pour évaluer la dyslexie de l’enfant. Puis on apprécie la lecture, la transcription, les conversions phonèmes-graphèmes, l’orthographe, la mémoire auditive, visuelle… »
La réalisation du bilan peut être fatigante pour l’enfant. C’est pourquoi, il peut nécessiter deux séances.
À lire aussiDes examens complémentaires
Outre le bilan orthophonique, des examens complémentaires peuvent être demandés. « Un bilan ORL est systématique pour dépister une éventuelle surdité, ou une otite séreuse. Le bilan orthoptique peut être nécessaire en cas de dyslexique visuo-attentionnelle », complète Hélène Dubois.
Comment “soigner” une dyslexie ?
La dyslexie ne se soigne pas, elle se rééduque par la pratique de divers exercices.
Les différents exercices de rééducation proposés
Combien de séances ?
« La première ordonnance comporte 30 séances, avec un renouvellement possible de 20 séances, précise l’orthophoniste. Mais, en général, la rééducation, sur 50 séances, ne suffit pas à compenser une dyslexie.»
Il faut compter plusieurs années de rééducation. « Cette dernière peut s’arrêter au collège si la dyslexie a été bien compensée, propose Mme Dubois.Toutefois, il faudra revoir ponctuellement l’orthophoniste pour les bilans ‘tiers temps’ du Brevet des Collège, du baccalauréat et pour les partiels en faculté. »
Les séances d’orthophonie sont prises en charge par l’Assurance maladie à hauteur de 60 %, le complément pouvant être remboursé par les mutuelles.
Bon à savoir : la demande de tiers temps se fait par les parents auprès de Maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH). Le formulaire est complété par le médecin scolaire et par l’orthophoniste qui fournit le bilan réalisé.
Quelles aides peuvent apporter les parents ?
Les parents doivent se montrer patients, tolérants, ne pas mettre de pression sur leur enfant.
« Ensuite, au tout début de l’apprentissage de la lecture, les parents peuvent lire des histoires à leur enfant en indiquant les syllabes avec leur doigt, en faisant des pauses entre chaque mot pour que l’enfant comprenne comment la phrase est segmentée, propose l’orthophoniste. Ensuite, ils peuvent lire à deux un livre choisi par l’enfant, chacun lisant une phrase ou une page à tour de rôle. Pour vérifier que l’enfant a bien compris le texte, les parents peuvent lui poser des questions fermées ou précises après chaque page lue : comment s’appelle le ou les personnages de l’histoire ? Où se passe l’histoire ? »
Il est important que, malgré sa dyslexie, l’enfant conserve une motivation pour la lecture. Au fil des séances, il acquerra des moyens mnémotechniques qui l’aideront. Mais il faut qu’il soit encouragé et soutenu par ses parents.
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