(Contrecœur) « Les hommes, agissez comme des hommes. Prenez soin des femmes », a supplié le conjoint de Lisette Corbeil, en larmes, au lendemain du meurtre de cette dernière. À la suite du féminicide, la petite communauté de Contrecœur est sous le choc.
Les proches de la victime se sont réunis, jeudi, dans la maison en bordure du fleuve Saint-Laurent où le corps de Lisette Corbeil, 56 ans, et celui de son ex-conjoint David Joly, 49 ans, ont été découverts. La Sûreté du Québec confirme qu’il s’agit « du meurtre d’une femme suivi d’un suicide ». Le nouveau conjoint de la victime nous a demandé de respecter la famille et les amis rassemblés pour vivre leur deuil. Ce drame s’ajoute à 11 féminicides et féminicides présumés depuis le début de l’année au Québec.
« C’est qu’il ne l’a pas pris. Il n’a pas accepté sa rupture », lance Vicky Lepage, amie de l’ex-couple. Lisette Corbeil a mis fin à sa relation avec David Joly, il y a environ un an, après 20 ans de vie commune. L’homme a complètement changé à la suite de la séparation, selon plusieurs témoignages recueillis par La Presse. L’informaticien parlait constamment de sa peine d’amour et a sombré dans la dépression.
« À un moment donné, on avait envie de lui dire : ‘‘Ressaisis-toi. Ça fait des mois que tu t’es fait laisser. Tu n’as plus 14 ans. Reviens-en !’’ », explique Vicky Lepage, sur le seuil de sa porte, à Contrecœur.
Il y a quelques mois, Lisette Corbeil a appelé plusieurs amis de David Joly pour les inviter à veiller sur lui pendant cette période difficile.
On le savait tous, qu’il n’allait pas bien. On s’inquiétait pour lui, mais jamais on n’a pensé que ça, ça arriverait. C’est tellement triste.
Vicky Lepage, amie de l’ex-couple, à propos de David Joly
« Il a dérapé », poursuit Mme Lepage.
En septembre dernier, David Joly a tenu des propos suicidaires. La Régie intermunicipale de police Richelieu–Saint-Laurent s’est alors adressée à la Cour pour interdire à l’homme de posséder une arme à feu « pour la protection d’autrui et celle de l’intimée ». M. Joly ne s’est pas opposé à cette demande ; 13 armes de chasse, boîtes de munitions et permis ont été saisis chez lui. L’interdiction était valide jusqu’au 31 août prochain.
« Il ne voyait pas qu’il allait mal »
À la suite de la saisie, David Joly a été admis dans un hôpital psychiatrique, selon les documents de la Cour que La Presse a consultés au palais de justice de Sorel-Tracy. À sa sortie de l’hôpital, il a refusé le suivi médical et l’aide psychologique qu’on lui offrait, selon Vicky Lepage. « Il disait qu’il n’en avait pas besoin. Il ne voyait pas qu’il allait mal. Pour lui, c’était normal d’être dans cet état après une rupture. »
En novembre, David Joly a annoncé qu’il quittait la présidence de l’Association chasse et pêche de Contrecœur. Maurice Gendron, son collègue dans l’organisme, se doutait qu’il avait possiblement des problèmes de couple. « Il nous a annoncé sa démission en disant qu’il avait des problèmes familiaux », explique M. Gendron. Mais il n’aurait jamais pensé qu’un drame surviendrait. « C’est un dur coup d’apprendre ça aujourd’hui. »
Un voisin de l’ex-couple entendait souvent Lisette Corbeil et David Joly se disputer, et ce, bien avant leur séparation. Il avait aussi constaté des changements dans l’attitude de David Joly au cours de la dernière année. « David voulait vendre la maison en ces temps de surenchère. Lisette, elle, ne voulait pas. Ça causait des chicanes », affirme ce voisin qui a préféré taire son nom, trop bouleversé par les évènements.
Mercredi matin, la voiture de David Joly a d’ailleurs été retrouvée sur le terrain de ce voisin, derrière une immense corde de bois. « Il a sûrement fait ça de façon à ce que Lisette ne le voie pas arriver », soupçonne-t-il, troublé.
« Une femme brillante »
À la pharmacie, à la bibliothèque, au bureau de poste de Contrecœur, ce féminicide, confirmé par la police, était de toutes les conversations. Michel « Bigou » Tétreault, gérant du restaurant Rooster’s BBQ, situé au cœur de la ville et en face de l’hôtel de ville, s’est dit ébranlé que sa fidèle cliente ait été assassinée. Lisette Corbeil avait l’habitude de s’asseoir toujours sur la même banquette ; quand elle mangeait avec la mairesse à titre de directrice du développement économique de la ville entre 2015 et 2020, elle préférait toutefois le petit salon privé, explique Michel Tétreault en montrant la table du doigt.
« Elle saluait le personnel, elle prenait des nouvelles, elle m’appelait par mon prénom. C’était une personne très gentille et polie. On s’attachait facilement à cette femme », raconte M. Tétreault, peiné.
Maud Allaire, mairesse de Contrecœur, a travaillé avec Lisette Corbeil au développement portuaire de la municipalité, un projet économique et touristique de grande ampleur. « C’était une femme brillante, intelligente, qui s’exprimait bien et qui avait une belle approche auprès des gens. Quand elle arrivait à l’hôtel de ville, elle saluait tout le monde, leur demandait comment avait été leur fin de semaine », souligne la mairesse, qui est inondée de témoignages de résidants attristés par le meurtre suivi d’un suicide.
« C’était une femme connue, reconnue, renommée pour son intelligence. Elle a fait sa place dans un monde d’hommes », affirme Mme Allaire.
Mais dans le cadre de ses fonctions professionnelles, précise-t-elle, Lisette Corbeil était toujours discrète sur sa vie personnelle et sur ses problèmes de couple.
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Si vous êtes victime de violence conjugale, vous pouvez appeler SOS violence conjugale au 1 800 363-9010 (ligne sans frais 24/7).
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