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Arm dans l'informatique de bureau : tout est-il entre les mains d'Apple ?

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Arm dans l'informatique de bureau : tout est-il entre les mains d'Apple ?
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Cette semaine, à la suite d'un article de Bloomberg, des rumeurs ont circulé selon lesquelles Nvidia se préparait à abandonner son achat d'Arm pour plus de 40 milliards de dollars. Et cela suite aux signaux envoyés par la Federal Trade Commission sur son intention de stopper la fusion.

La fusion de Nvidia et d'Arm aurait créé une deuxième superpuissance potentielle dans le domaine des semi-conducteurs, derrière Intel, et un concurrent solide pour Qualcomm et Samsung dans le domaine des processeurs mobiles et embarqués. Ainsi qu'un fournisseur de silicium pour la prochaine génération d'ordinateurs portables Windows équipés d'Arm de Microsoft et d'autres fournisseurs.

Ainsi, de nombreux observateurs de l'industrie peuvent se demander : l'avenir d'Arm dans l'informatique de bureau existe t-il hors d'Apple ? A l'heure actuelle, seul Apple a réussi à utiliser du silicium Arm en faisant passer sa plateforme Mac au M1.

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Apple est clairement en tête pour les ordinateurs de bureau basés sur Arm

Soyons francs : Apple est tellement en avance sur les autres sociétés lorsqu'il s'agit de mettre une plateforme de bureau sur du silicium basé sur Arm que ce n'est même pas drôle. Le M1 a maintenant été effectivement déployé sur toute la gamme de produits Mac, à l'exception du Mac Pro. Et nous savons qu'il sera bientôt disponible. Le M1 Pro et le M1 Max ne sont pas en reste. J'en utilise un depuis environ une semaine, et laissez-moi vous dire qu'il n'y a aucune chance que je retourne à une machine Intel après avoir fait l'expérience de telles performances.

Certes, Qualcomm fait des progrès avec SQ 2, et Microsoft a fait en sorte que Windows 11 fonctionne mieux sur Surface Pro X. Pourtant, on ne peut pas comparer ce que ces deux-là ont fait pour faire fonctionner Windows de manière acceptable sur un seul produit avec ce qu'Apple a fait pour faire fonctionner Apple Silicon sur toute sa gamme de produits. Sans parler de l'iPad, de l'iPhone, de la Watch, de la TV et sur qui sait sur quoi d'autre travaille Apple.

Et qu'en est-il de l'ensemble de l'industrie du PC ? HP ? Dell ? Lenovo ? Asus ? Acer ? Samsung ? Les trois premiers occupent à eux seuls une part de 64 % du marché des ordinateurs personnels, alors qu'Apple ne représente que 7,6 %.

La part d'Apple est faible si on la compare au marché des PC dans son ensemble ; elle n'est que légèrement supérieure à celle d'Acer, qui est de 7,2 %. Mais il y a un mais.

Apple occupe une position qui n'est pas sans rappeler la différence entre Tesla en tant que constructeur automobile et le reste de l'industrie automobile. Tesla a livré plus de véhicules électriques en une seule année que l'ensemble de l'industrie automobile traditionnelle en 10 ans.

Pourtant, Tesla aux Etats-Unis ne représente que 2,3 % du secteur. Mais elle a validé la technologie permettant de remplacer le véhicule à combustion interne. Et Apple a fait de même pour l'architecture Arm, qui succédera à terme au x86.

Comme il y a plusieurs années, la part de marché globale de Mac dans les ordinateurs de bureau d'entreprise reste relativement faible, mais nous voyons maintenant qu'elle a un potentiel énorme, la puissance du produit est inattaquable.

Arm dans l'informatique de bureau : tout est-il entre les mains d'Apple ?

Aujourd'hui, nous disons tous : « mon Dieu, regardez ce qu'Apple a réussi ». L'ordinateur de bureau Arm est réel, l'Arm est puissant, le x86 ne peut pas dépasser ce que cette chose peut faire en termes de performance par watt.

Le M1 d'Apple n'est pas un miracle, c'est le produit d'un investissement stratégique massif

Le fait qu'Apple ait réalisé autant de choses en un laps de temps qui semble relativement court témoigne des investissements qu'elle a réalisés depuis plus de 10 ans dans ses propres puces. Avant qu'Apple n'annonce Apple Silicon comme sa future plateforme, l'idée d'utiliser des puces Arm comme plateformes PC était considérée comme une chose théorique, à la limite de la science-fiction.

Nous avons assisté à une première tentative de Windows sur Arm avec la Surface RT, qui a échoué. Elle utilisait une puce Nvidia Tegra 3. Elle était lente, exécutait une version incompatible de Windows 8 et ne pouvait pas exécuter les applications Win32 x86 existantes autres que celles préchargées par Microsoft et les applications "Metro" du Windows Store.

La rumeur a certes couru pendant des années qu'Apple travaillait sur un successeur d'Intel pour les Mac. Mais Arm sur un système d'exploitation de bureau n'avait pas vraiment été mis en pratique, à moins d'être un ingénieur d'une société comme Microsoft ou Qualcomm et de savoir que dans un laboratoire, Windows fonctionnait assez bien sur cette architecture. Et que oui, avec quelques années de travail et des milliards de dollars de développement, nous pourrions être en mesure de remplacer x86 un jour.

Nous savions que Windows fonctionnait sans problème en tant que système d'exploitation pour serveur sur des puces Qualcomm spéciales dans les centres de données de Microsoft, et que certaines charges de travail Azure spécialisées fonctionnaient dessus.

Mais, en ce qui concerne l'utilisateur typique de PC d'entreprise, il a fallu des années, voire une décennie, pour que cela devienne réalité.

En définitive, le problème n'est pas l'état de préparation de Windows, mais la maturité globale du silicium. Non seulement Windows fonctionne sur Arm, mais il est aussi très performant si vous l'exécutez dans une fenêtre Parallels sur un Mac et si vous exécutez des applications natives sur ce système. Ainsi, Windows sur Arm en tant que système d'exploitation est prêt, et Microsoft dispose de tous les outils de développement pour porter des applications si le silicium était prêt demain dans l'écosystème des fabricants de PC.

Les applications x86 émulées fonctionnent désormais beaucoup mieux sous Windows 11 pour Arm. Mais la Qualcomm SQ 2 est la seule puce de bureau Windows performante du marché, et elle est loin d'être aussi puissante qu'un M1 de première génération. Sans parler d'un M1 Pro ou d'un M1 Max ou de tout autre M-quelque chose que nous verrons certainement lors du prochain événement Apple lorsque le Mac Mini sera rafraîchi et que d'autres choses nous seront montrées.

Les performances du système du PC Arm ? Un gouffre qui prendra des années à être comblé

Le principal fournisseur de silicium Arm ayant de quoi rivaliser avec Apple, maintenant que Nvidia est certainement mis de côté, est Qualcomm. Microsoft semble avoir l'exclusivité de la série SQ de la société et ne semble pas avoir l'intention de la céder sous licence aux autres OEM, du moins pour le moment.

HP teste quelque chose avec le Surface Pro X. Cet ordinateur portable utilise la plateforme de Qualcomm Snapdragon 7c Gen 2 à faible consommation et compatible 4G, mais il n'est pas à la hauteur du M1 ou même du SQ 2 en termes de performances. Il est conçu pour concurrencer le Pentium Silver.

Lenovo a le Yoga qui utilise le Qualcomm 8cX compatible 5G. Il a été lancé en 2020 et rafraîchi en février 2021. Cependant, si vous regardez les annonces de Lenovo au CES, il n'y a pas de version Arm du Yoga annoncée pour 2022. C'est un Playbook 100 % Intel Evo et AMD Ryzen.

Donc, je pense que les ventes ont été mauvaises pour le Yoga Arm. L'entreprise opte pour l'Evo d'Intel, qui consomme peu d'énergie, parce que le x86 est une architecture éprouvée dont les performances sont prévisibles et qui suscite la confiance du secteur. Dell opte également pour Evo, et les ordinateurs portables basse consommation de HP sont également sous Evo.

Le Intel Evo 12-gen est assez bon. Pas aussi puissant que le M1 tout de même. Il propose des performances suffisantes en termes de CPU et de consommation d'énergie avec une autonomie annoncée de 9 heures en conditions réelles avec un écran Full HD. La plupart des utilisateurs professionnels grand public s'en contenteront.

Le MacBook Air M1 a une autonomie d'environ 15 heures. Sa consommation en watts varie entre 18 W et 110 W en fonction de la charge de l'application. Par exemple, si vous traitez des vidéos dans Final Cut ou si vous jouez à un jeu FPS très gourmand en ressources, la consommation d'énergie est élevée.

Comme Apple Silicon, Evo est une plateforme SoC avec le Wi-F i6 et un GPU intégré, avec une empreinte système totale de 35 à 45 watts. Pour être clair, il s'agit d'un ordinateur portable à peu près comparable à un MacBook Air 2020 M1 bas de gamme en termes de fonctionnalités. Mais ces puces Evo sont loin d'être aussi puissantes.

Enfin, il faut probablement mentionner la nouvelle plateforme AMD Ryzen 6000 pour les ordinateurs portables, qui est également une plateforme SoC qui suscite beaucoup d'attention de la part des fabricants de PC.

D'un point de vue pratique, le seul processeur Arm qui vaille la peine à l'heure actuelle est Apple. Qualcomm va-t-il progresser ? Bien sûr. Mais il s'agit d'une société qui a ses mains dans un grand nombre de secteurs verticaux et d'activités différents.

Qualcomm est une entreprise extrêmement rentable dans le domaine de l'embarqué et du sans-fil ; elle n'a pas besoin de fabriquer des puces pour ordinateurs de bureau pour gagner de l'argent.

On peut dire la même chose de Samsung Semiconductor. Le géant sud-coréen de l'électronique gagne énormément d'argent en fabriquant des puces pour tout le monde et, bien qu'il ait ses propres design pour ses smartphones et ses tablettes et qu'il ait une activité dans le domaine des ordinateurs portables, il s'associe à des entreprises comme Google et fabrique leurs puces pour smartphones, ainsi que celles de Qualcomm et, bien sûr, d'Apple.

Samsung n'a donc pas besoin de fabriquer des puces pour ordinateurs de bureau pour être rentable.

S'agit-il d'un secteur d'expansion potentiellement important pour ces deux entreprises ? Oui. Les puces pour ordinateurs de bureau vont-elles les faire ou les défaire ? Non. Ils peuvent se permettre de prendre leur temps.

Arm sur PC de bureau : où allons nous ?

Si Nvidia avait mené à bien son achat d'Arm – en supposant que l'article de Bloomberg soit vrai – l'entreprise aurait été en mesure de conduire l'avenir de l'architecture Arm. Et des entreprises comme Apple, Qualcomm et Samsung auraient acheté des licences.

La fusion/acquisition lui aurait donné un avantage dans ses propres conceptions de puces pour créer des puces qui auraient finalement rattrapé Apple Silicon. Mais il semble que Nvidia devra faire sans Arm. Au lieu de cette acquisition, il semble également que Softbank va introduire Arm en Bourse, ce qui en fera une société publique. Cependant, Arm, sans un grand fabricant de silicium derrière lui, reste sur un modèle économique de vente de licences.

Je continue de croire que l'ordinateur de bureau a un avenir qui n'est pas lié aux PC x86. Mais cela pourrait ne pas prendre la forme que nous attendons. Je suis fermement convaincu que la destination finale de l'ordinateur de bureau se trouve dans le cloud, où l'on accède aux données par des terminaux à faible puissance, à faible coût, fonctionnant avec des systèmes d'exploitation minimaux et intégrés. Et ces PC embarqueront probablement des systèmes d'exploitation open source. Mais c'est un argument à développer dans un prochain article.

Source : ZDNet.com