Le changement dans la continuité : la formule vient spontanément à l’esprit pour décrire la transition en cours à la tête de l’Allemagne. Ce mercredi 24 novembre en aura été la parfaite illustration. Le matin, Angela Merkel (CDU) présidait son dernier conseil des ministres. Pour l’occasion, son vice-chancelier, Olaf Scholz (SPD), lui a offert un bouquet de fleurs en la remerciant chaleureusement pour ses seize années d’« engagement infatigable » à la tête du pays. L’après-midi, le même Olaf Scholz tenait une conférence de presse pour présenter le « contrat de coalition » qui servira de feuille de route au gouvernement dont il prendra les rênes lorsqu’il sera élu chancelier par le Bundestag, vraisemblablement dans la semaine du 6 décembre.
Long de 177 pages, ce « contrat de coalition » a pour titre « Oser plus de progrès ». Un clin d’œil au slogan de Willy Brandt (SPD) qui, en 1969, s’était fait élire chancelier sur la promesse suivante : « Oser plus de démocratie ». Un demi-siècle plus tard, Olaf Scholz place donc, lui aussi, son mandat sous le signe de l’audace, allant jusqu’à promettre, avec une emphase qui lui est peu habituelle, « la plus importante modernisation de l’industrie allemande depuis plus d’un siècle ». A y regarder de près, cependant, le gouvernement qu’il dirigera avec les Verts et le Parti libéral-démocrate (FDP) – une première en Allemagne – ne devrait pas rompre fondamentalement avec la politique d’Angela Merkel. Sauf peut-être sur le plan sociétal avec la décision de légaliser le cannabis, qui sera mis en vente « dans des magasins agréés » afin d’en « contrôler la qualité, d’empêcher la distribution de substances contaminées et de protéger la santé publique ».
Lire aussi :Article réservé à nos abonnésLa revanche d’Olaf Scholz, le mal-aimé du SPDSymbole de cette continuité : le ministère des finances. Partisans d’une révision du « frein à la dette », principe inscrit dans la Constitution depuis 2009 et qui interdit à l’Etat fédéral de s’endetter à plus de 0,35 % du produit intérieur brut, les Verts rêvaient de décrocher ce portefeuille. Il sera finalement confié aux libéraux, défenseurs d’une stricte orthodoxie budgétaire. Sous la houlette de leur président, Christian Lindner, qui devrait s’installer dans le bureau occupé depuis 2018 par Olaf Scholz, l’Allemagne prévoit de retrouver des comptes publics à l’équilibre dès 2023, après s’être affranchie du « frein à la dette » pendant trois ans en raison de la pandémie de Covid-19.
Salaire minimum à 12 euros
S’ils ont réussi à empêcher l’instauration d’un impôt sur la fortune, réclamé par les sociaux-démocrates et les écologistes, les libéraux ont toutefois dû faire des concessions. Sur le social, d’abord : comme l’avait promis Olaf Scholz pendant sa campagne, le salaire minimum passera ainsi à 12 euros brut de l’heure (contre 9,60 euros actuellement) dès l’année prochaine. Sur l’économie, ensuite : si le FDP récupère le portefeuille des transports, obtenant au passage la non-instauration d’une limitation de vitesse à 130 km/h sur autoroute, les Verts ont, en revanche, obtenu un grand ministère de l’économie, de l’énergie et du climat, ainsi que ceux de l’environnement et de l’agriculture.
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