Le minage des cryptomonnaies fait beaucoup parler de lui. Nombreux reprochent à l’activité son caractère énergivore et générateur des gaz à effet de serre (GES) avec en tête le mining du bitcoin. Alors que la société Tesla Motors était depuis quelques mois officiellement investi dans le bitcoin, son PDG, le milliardaire sud-africain naturalisé canadien Elon Musk avait, en mai dernier, jeté l’opprobre sur la plus célèbre des cryptomonnaies, le bitcoin en annonçant ne plus accepter ce moyen de paiement pour ses automobiles tant que sa production serait dépendante de combustibles riches en carbone, en particulier du charbon. Plusieurs faits s’étaient alors succédé, dont celui du 20 mai au Financial Times, où l’ONG Greenpeace expliquait elle aussi renoncer à percevoir des dons en bitcoin pour des raisons écologiques et très récemment l’interdiction du mining en Chine, en partie parce que l’activité ne collait pas avec les objectifs écologiques que s’était fixée le pays. Il suffisait de simples tweets pour que tout l’univers bitcoin connaisse un choc. Tous ces faits ont bien interpellé les mineurs de cryptomonnaies. Conscients d’un monde mis à mal par la crise écologique, plusieurs efforts ont été fournis. Du protocole proof-of-work à proof-of-stake, en passant par le choix des énergies renouvelables.
Le mining : énergivore et pollueur
Il est trop important de rappeler qu’au départ, la fonction du mining est de propager et sécuriser les transactions et de les copier définitivement dans un registre numérique décentralisé, public et accessible à tous qu’est « la blockchain ». Une « chaîne de blocs », où les blocs seraient comme des pages d’un carnet de comptabilité virtuel qui permet de faciliter plusieurs centaines de milliers des transactions par jour. En des termes plus simples, le minage de cryptomonnaies est un processus qui consiste à résoudre des équations mathématiques complexes de manière à valider les différentes crypto-transactions sur un réseau spécifique. Pour chaque nouvelle cryptomonnaie minée, les personnes qui ont participé à son minage ou, plus simple, à la validation d’un bloc, sont récompensées par une quantité déterminée de cette devise. La majorité des crypto-produits sur le marché aujourd’hui ont un nombre limité de jetons qui seront libérés au fil des années, augmentant ainsi leur valeur à mesure qu’ils deviennent plus rares. La raison principale de l’existence du minage de cryptomonnaies est de résoudre le plus grand problème associé à ces devises, à savoir la double dépense.
Les cryptomonnaies peuvent être minées à l’aide de trois types d’appareils informatiques distincts : CPU (Central Processing Unit), GPU (Graphics Processing Unit ou Carte graphique) ou ASIC (Application-Specific Integrated Circuit), selon l’importance de l’investissement que vous êtes prêt à faire. Face à l’ampleur de la concurrence dans le secteur de minage, le choix d’un type d’appareil ou d’un autre dépend de la cryptomonnaie que vous comptez miner.
Le mining des cryptomonnaies se pratique aujourd’hui un peu partout et les mineurs sont libres d’adopter un business model qui leur convient selon la cryptomonnaie qu’ils veulent miner. Ils peuvent opter pour : le « solo mining » ou minage en solo, c’est-à-dire le minage à un niveau individuel. Ici le mineur s’installe seul avec son matériel sans nul besoin de se rallier à d’autres mineurs ; « le pool mining » ou minage en pool, dans lequel plusieurs mineurs rejoignent un pool pour augmenter la puissance de calcul de leur serveur et ainsi augmenter leur chance de trouver plus vite la résolution du complexe calcul mathématique grâce auquel un bloc sera validé. À la validation d’un bloc par un pool, le gain est partagé par l’ensemble des mineurs constituant ce pool suivant la puissance de calcul fourni par chacun. Et enfin. Le minage « sur le cloud », qui est la location d’une quantité de puissance de calcul dans une ferme de minage située à distance. De cette manière, un mineur peut participer au minage d’une cryptomonnaie, sans pour autant posséder le matériel nécessaire, très coûteux et volumineux. Et aujourd’hui, il est également possible de procéder à un minage de cryptomonnaies à l’aide de son téléphone portable en téléchargeant quelques applications que nous ne vous citerons pas malheureusement, car ce procédé est tellement déconseillé. En effet la durée de vie de votre portable, quelle que soit sa marque se verrait grandement diminuée et avec la forte concurrence, le mining avec un téléphone risque d’être une activité au rendement nul.
La rentabilité du mining de cryptomonnaies
Le secteur du minage de cryptomonnaies s’est considérablement développé et professionnalisé depuis quelques années. Les infrastructures hébergeant les machines de minage, appelées des fermes de minage, se multiplient partout dans le monde. Les entreprises exploitant ces « centres de données 2.0 » cherchent à optimiser la rentabilité de leurs activités et s’implantent dans des zones géographiques ou l’offre en électricité est supérieure à la demande, car c’est dans ce contexte que la rentabilité est la plus importante. Ce type d’énergie est bien souvent renouvelable. Elle est par exemple issue de centrales hydroélectriques au Canada, ou géothermique en Islande et au Salvador. Les solutions de stockage d’énergie pour les producteurs sont encore complexes et coûteuses à l’heure actuelle. L’arrivée de ces nouveaux acteurs industriels représente donc une manne financière conséquente pour ces fournisseurs d’énergie, qui ne se seraient pas vu vendre toute leur production.
Pour des mineurs individuels qui autrefois pouvaient miner avec un simple ordinateur personnel (PC) dans le coin de leur chambre, l’activité est devenue moins rentable pour eux. À l’heure actuelle, il faut du matériel spécialisé, d’énormes quantités d’électricité, ainsi le minage de cryptomonnaies populaires de type preuve de travail (PoW) comme le bitcoin ne rend plus cette activité rentable pour le « solo mining », à moins, bien sûr, que vous ne soyez une société prête à investir des millions de dollars. Cependant, les cryptomonnaies moins connues utilisant le protocole preuve d’enjeu (PoS) ont encore un grand potentiel de minage et peuvent vous faire gagner si vous arrivez au bon moment ! N’oubliez pas que d’autres considérations doivent être prises en compte avant de vous lancer dans le minage comme le prix du marché, les récompenses par bloc, les taux de hachage, une éventuelle réduction de moitié à venir (halving), etc. L’énergie utilisée n’en reste pas moins colossale à l’échelle planétaire et nous observons depuis 3 ans qu’une part croissante des nouveaux projets blockchains se tournent vers le consensus de la preuve d’enjeu. Moins énergivore, cette technologie présente en effet plusieurs avantages notables : transactions plus rapides, maintenance moins coûteuse, etc.
Choix d’un protocole PoW ou PoS dans le mining
Dans le cas du protocole « proof-of-work », ou preuve de travail, implanté par le créateur du bitcoin (le célèbre anonyme Satoshi Nakamoto), la création d’une nouvelle page de ce registre numérique est conditionnée à la résolution d’une équation cryptographique. Ce travail de résolution mathématique est opéré par une machine spécifique, c’est le « mineur ». Lorsque ce dernier résout l’équation nécessaire à la poursuite de l’écriture du registre, il est récompensé de 6,25 bitcoins. On parle du Bitcoin halving ou de la prime de minage.
Bien qu’au départ, un simple ordinateur suffisait à miner du bitcoin, aujourd’hui plus il y a de mineurs et plus les calculs sont complexes. Inutile d’essayer donc de miner du bitcoin avec un simple ordinateur de bureau, le secteur est devenu si concurrentiel que les mineurs disposent aujourd’hui de parcs de centaines de machines et des puces consacrées à ces calculs sont désormais commercialisées : les ASIC.
Pour conserver une place au top, les plus gros mineurs de bitcoins disposent de centaines de machines, soigneusement entretenues et constamment ventilées, pour éviter leur surchauffe. Il reste indéniable que le réseau du bitcoin est consommateur d’électricité, comme, chacune à leur échelle, l’ensemble des cryptomonnaies. Selon l’université de Cambridge, qui propose sur son site Internet un indice pour évaluer cet impact, la consommation annuelle du bitcoin est actuellement estimée à près de 115 TWh.
En dépit de tout ce qui est dit sur ce protocole, si vous avez le capital et êtes prêt à faire l’effort, le bitcoin (BTC) continue d’être le choix numéro un des mineurs de cryptomonnaies à travers le monde. Son prix oscille autour de 51 448,28 $/BTC au moment de la rédaction de cet article. En fait, il n’y a pas si longtemps (en novembre dernier), le BTC a atteint un sommet historique à plus de 57 000 $. Sachez également que la récompense actuelle du minage de BTC est de 6,25 BTC par bloc, il s’agit du troisième halving depuis la création de cette star des cryptomonnaies en 2009, qui sera réduite à 3,125 BTC d’ici 2024. Le minage du bitcoin est également beaucoup plus difficile et plus gourmand en ressources que le minage de la plupart des nouvelles crypto-devises sur le marché.
À noter qu’il existe plusieurs milliers de cryptomonnaies, et des centaines s’appuient sur un protocole similaire à celui du bitcoin. C’est, par exemple, le cas de l’ether du réseau Ethereum. Reconnu pour être à la pointe de l’innovation dans l’industrie des cryptomonnaies grâce à ses « contrats intelligents » et ses « dApp », Ethereum ou ether est une cryptomonnaie extrêmement populaire que l’on peut encore miner (mais plus pour longtemps). Au moment de la rédaction de cet article, la capitalisation boursière de la cryptomonnaie s’élevait à plus de 448 milliards de dollars. La récompense de minage actuelle est de 2 ETH par bloc. Le réseau utilise la fonction de hachage Hash et peut être minée à l’aide de dispositifs CPU et GPU. Veuillez noter que, bien que ce réseau soit passé à Ethereum 2.0 (ETH 2.0), entraînant de ce fait un changement d’algorithme de consensus de preuve de travail (PoW) à preuve d’enjeu (PoS), les mineurs ont encore au moins deux ans pour continuer à miner de l’ether. Le réseau ETH actuel ne sera pas passé à la blockchain PoS avant la phase 1.5 de l’ETH 2.0.
Sur le site d’Ethereum, il est expliqué qu’il faudra mettre en jeu 32 ETH (soit 131 399,2 $) de sa valeur au moment de la rédaction de cet article afin de de pouvoir « participer » et tenter de devenir validateur, c’est-à-dire la personne en charge du minage du prochain bloc et de vérifier la validité de blocs créés par les autres validateurs. « Les validateurs seront choisis au hasard », et il est précisé que les cryptomonnaies mises en jeu serviront à s’assurer du bon comportement des validateurs. Selon une estimation de chercheurs de l’université de Munich et du Massachusetts Institute of Technology (MIT) parue en décembre 2020, la blockchain Ethereum consommerait environ l’équivalent de 16 % de la consommation du bitcoin.
La cryptomonnaie ZCash, parmi les plus connues, utilise aussi le protocole (PoS).
L’année 2016 a vu le lancement de plusieurs grandes cryptomonnaies, dont le Zcash (ZEC). Considérant que la société de développement ZCash est axée sur la protection de la vie privée, elle s’impose comme une excellente cryptomonnaie à miner. Cependant, il n’est pas facile de miner le ZEC malgré sa conception résistante aux ASIC. Néanmoins, le jeton constitue une opportunité de minage idéale pour les personnes désireuses d’adopter une approche à long terme. La récompense actuelle est de 3,125 ZEC/bloc (soit 524 562 $) sa valeur au moment de la rédaction de cet article et la masse monétaire du jeton est de 21 millions de tokens, le tout devant être miné d’ici 2032. Le minage du ZCash nécessite une mémoire vive plus importante en raison de son algorithme Equihash.
La preuve d’enjeu, aussi appelée staking, consiste en effet à conserver des actifs numériques sur un portefeuille électronique (wallet) afin de participer à la sécurisation d’un réseau blockchain et d’être récompensé par le versement d’intérêts. Certains projets nécessitent une quantité fixe, pouvant représenter plusieurs milliers d’USD et dont la période de verrouillage peut varier de quelques jours à plusieurs semaines. Cela peut donc représenter un enjeu financier important pour l’investisseur et c’est justement cette « preuve d’enjeu » qui permet d’obtenir la confiance du réseau en vous confiant la validation de nouveaux blocs et donc le versement de commissions pour ce travail accompli.
Concrètement le wallet sur lequel les actifs numériques sont placés est relié à un serveur informatique sur lequel sont installés un logiciel et l’intégralité du registre blockchain en question. Ce lien entre actifs et serveur est une condition primordiale pour bénéficier d’intérêts : si l’une ou l’autre des conditions est rompue, le système s’arrête. Il faut donc prêter particulièrement attention à la maintenance et aux mises à jour du serveur pour assurer une disponibilité optimale. La plupart des investisseurs confie cette tâche technique à des professionnels spécialisés dans ce domaine.
Il vous incombe également de reconnaître la concurrence entre les cryptomonnaies de type preuve d’enjeu (PoS) et de preuve de travail (PoW). Alors qu’il est aujourd’hui possible de générer des revenus à partir de la validation de transactions par le simple fait de faire du staking de jetons, certaines personnes ne voudraient plus faire de minage. Cela dit, on ne peut pas nier que le minage, bien que plus compliqué, est plus rentable. Tout dépend des ressources que vous êtes prêt à investir.
Comme mentionné précédemment, vous pouvez miner des jetons PoW en faisant partie d’un pool minier, en utilisant une installation indépendante (avec des CPU, GPU et/ou des dispositifs ASIC) ou en louant la puissance de calcul d’un tiers. Veuillez noter que si vous choisissez d’avoir votre propre installation, vous devrez prendre en compte les frais d’électricité et le coût de la mise à jour du matériel et des logiciels de temps en temps. Le coût de l’électricité peut varier d’un pays à l’autre. Il est d’ailleurs le moins cher au Kazakhstan, en Irlande, aux États-Unis, où une grande majorité du minage de cryptomonnaies se fait aujourd’hui du fait de production du surplus électrique que produisent ces pays. Les mineurs nouveaux et expérimentés pourraient envisager d’utiliser des cryptomonnaies plus petites, qui offrent un meilleur rapport coût-efficacité, car les coûts d’installation de l’appareil de minage peuvent aussi atteindre une somme considérable au départ pour du matériel grand public. Les coûts d’électricité varient en fonction du lieu de résidence de l’utilisateur. Cependant, le plus gros avantage de l’activité est de gagner un jeton dont la valeur pourrait s’apprécier avec le temps.
Des efforts pour neutraliser l’empreinte carbone des cryptomonnaies
Certains créateurs de cryptomonnaies ont fait le choix de protocoles supposés plus écologiques. L’ether, la monnaie de la blockchain Ethereum, est encore produite par du minage, mais ses développeurs travaillent pour une transition vers le protocole « proof-of-stake », soit la « preuve d’enjeu », un protocole par opposition au « proof-of-work » utilisé par la vedette des cryptomonnaies, le bitcoin.
Comme nous l’avons bien souligné dans les paragraphes précédents, ce protocole prévoit que pour créer des blocs supplémentaires, un « validateur » doit prouver la possession d’une certaine quantité de monnaies et les verrouiller. En échange de cette participation, il reçoit en récompense un intérêt proportionnel au capital mis sous séquestre, à l’image d’un livret bancaire. Ce protocole ne nécessite pas plus qu’un simple ordinateur et une quantité de monnaie. La preuve d’enjeu consomme bien moins d’énergie que la preuve de travail, mais le revers de la médaille est qu’elle suscite bien plus de centralisation.
De ce fait, jusqu’à aujourd’hui, aucun protocole alternatif n’a prouvé pouvoir assumer les mêmes promesses d’une cryptomonnaie décentralisée, publique et sécurisée avec une consommation d’électricité ainsi qu’une empreinte carbone négligeable que celui du bitcoin, bien qu’il s’efforce aussi à la neutraliser. La conversion verte d’Ethereum est d’ailleurs en travaux depuis aujourd’hui plus de quatre ans en raison de difficultés techniques. Comme l’assure Pierre Rochard, si l’on arrive à découvrir un jour un mécanisme de preuve d’enjeu sans compromis négatif à la décentralisation et la sécurité, les utilisateurs du bitcoin l’adopteront. Rappelons que le code source du bitcoin est ouvert à tous.
Face aux multiples interrogations qu’implique l’urgence climatique, les acteurs de cet écosystème ne restent pas insensibles. Pour Sébastien Gouspillou, cofondateur de l’entreprise consacrée au minage BigBlock Datacenter, cette technologie inciterait même à abandonner complètement les combustibles fossiles : « Au Kazakhstan, je représente une aubaine pour l’opérateur de la centrale hydraulique. Il produit du surplus, je le consomme. Pour lui, son coût est nul », relate-t-il au Monde. Comme lui, de nombreux mineurs se sont éloignés du charbon chinois bien avant. Et après que le pays a pris la décision d’interdire le mining sur son territoire et à atteindre la neutralité carbone, le mining du bitcoin a drastiquement minimisé sa dépendance aux fossiles.
La société Square, fondée par le créateur de Twitter Jack Dorsey, estime dans un article publié le 21 avril que le bitcoin pourrait même devenir une source de financement pour les infrastructures d’énergies renouvelables, notamment l’énergie solaire. « Nous sommes très sollicités par des producteurs d’électricité, des constructeurs d’éoliennes, qui réalisent que nous sommes une manne pour leur rentabilité », abonde Sébastien Gouspillou.
Une semaine après avoir critiqué le bitcoin pour son empreinte carbone, Elon Musk s’était félicité d’avoir initié une coalition de mineurs nord-américains pour opérer cette transition énergétique. Si certains spécialistes imaginent déjà cette monnaie comme l’avenir du système monétaire international, les acteurs de ce système ne reculeront devant rien et fourniront tous les efforts pour la transition et l’économie énergétique en priorisant davantage des énergies vertes. Transition que tous les pays du globe tentent de mettre en œuvre.
Le PDG de Tesla continue de s’intéresser de près au bitcoin. Il a rencontré les représentants de plusieurs sociétés de minage nord-américaines prêtes à se montrer plus transparentes sur l’énergie utilisée par leurs activités. Elon Musk n’a pas définitivement tourné le dos au bitcoin, loin de là. Même s’il avait affolé la cryptosphère en annonçant le 18 mai que Tesla n’accepterait plus les paiements en bitcoin, en raison du coût environnemental de ce dernier, le milliardaire continue de s’y intéresser de près. Quelques jours après son tweet, lundi 24 mai, le PDG de Tesla avait indiqué dans une nouvelle publication avoir rencontré plusieurs sociétés de minage de bitcoins nord-américaines prêtes à « dévoiler la part d’énergie renouvelable qu’elles utilisent pour leurs activités, ainsi que leurs projections en la matière ». Selon le milliardaire, ce serait une démarche « potentiellement prometteuse ».
Le PDG de MicroStrategy, Michael Saylor, a donné à The Verge un peu plus de détails sur cette rencontre, révélant qu’Elon Musk avait rencontré les représentants de groupes spécialisés dans le minage de crypto tels qu’Argo Blockchain, Blockcap, Core Scientific, Galaxy Digital, Hive Blockchain Technologies, Hut 8 Mining, Marathon Digital Holdings et Riot Blockchain. Il a précisé sur Twitter que ces mineurs avaient accepté de former un Conseil du minage de bitcoins (Bitcoin Mining Council) afin de promouvoir la transparence énergétique et les initiatives environnementales.
Du mining aux énergies 100 % renouvelables
Alimenter cette activité avec des énergies renouvelables permettrait de réduire l’empreinte carbone du bitcoin. Mais, dans certaines zones, il n’y pas assez d’énergies renouvelables pour alimenter toutes les activités existantes, et il risque d’y avoir des conflits d’usage. Auquel cas, le fait que le bitcoin utilise tant d’énergie posera peut-être toujours problème, comme le pensent les plus sceptiques. Pour eux, la consommation de la cryptomonnaie risque de forcer certains groupes ayant d’autres activités à continuer d’utiliser des énergies fossiles. Faut-il leur rappeler que jusqu’à l’heure de la rédaction de cet article, plusieurs producteurs continuent à perdre inutilement des surplus par manque de moyen de stockage ? Il faudra cependant voir à l’usage si ces nouveaux systèmes sont robustes et surtout à l’épreuve des tentatives de tricherie. Le principal risque pour une cryptomonnaie est en effet que certains mineurs parviennent à fausser la blockchain afin de s’approprier frauduleusement des coins.
D’autres possibles effets collatéraux doivent également être pris en compte
Les partisans du bitcoin, inspirés par le courant libertaire, estiment que la cryptomonnaie peut être une nouvelle réserve de valeur, si ce n’est une valeur refuge comme l’or, et qu’elle permet de contourner les intermédiaires comme les banques grâce à son mode de fonctionnement décentralisé. « Savoir si l’empreinte carbone du bitcoin est un problème ou non dépend de sa valeur pour la société », explique à Heidi.news Jonathan Koomey, professeur à l’université de Stanford spécialisé en finance et politique énergétique.
Mais de toute façon, la question ne se poserait même pas puisque la cryptomonnaie soutiendrait l’essor des énergies renouvelables, selon Sébastien Gouspillou. « On utilise que des mégawatts perdus », assure-t-il à propos de son entreprise de minage, BigBlock Datacenter. Le minage étant le processus par lequel sont validées et inscrites dans la blockchain les transactions. En résumé, des processeurs spécialisés, des ASIC, tournent à plein régime pour résoudre le plus efficacement possible une opération mathématique très complexe permettant de sécuriser le réseau. C’est l’alimentation de ces machines qui nécessite une grande consommation d’électricité. Mais si cette électricité est composée uniquement de surplus produits par des énergies renouvelables qui resteraient sinon inutilisées, la question de l’empreinte carbone du bitcoin ne se pose plus. C’est l’argument mis en avant par Sébastien Gouspillou, dont la startup a exilé ses machines pour miner au Kazakhstan, à proximité d’un barrage hydraulique, avant d’ouvrir une autre ferme de minage en République démocratique du Congo, près d’une centrale hydroélectrique.
« Sans bitcoin, le prix des surplus des énergies renouvelables serait à zéro »
Une façon pour l’entrepreneur français d’aller là où l’électricité est vendue la moins chère. Mais aussi de se rapprocher de la production des énergies renouvelables pour récupérer directement les surplus. « On est client de dernier recours : on a besoin de très peu d’infrastructures, pas besoin de route ni de port… Donc on est les seuls à pouvoir récupérer ses mégawatts perdus », fait valoir Sébastien Gouspillou dans l’amphithéâtre du Casino de Biarritz, où se déroulait « Surfin’ Bitcoin ».
Le Salvador, premier État au monde à considérer le bitcoin comme une monnaie légale, a fait appel à sa startup pour développer l’activité de minage. « Ils ont 10 % de surplus d’électricité qu’ils ne savent pas distribuer, ce qui représente 20 000 bitcoins minés à l’année. Nous, on achète de l’électricité dix fois moins cher que la population locale. On va aider au développement de l’énergie verte au Salvador en utilisant les surplus », assure Sébastien Gouspillou.
« Le bitcoin est un vrai atout dans la transition écologique. Sans bitcoin, le prix des surplus produits par des énergies renouvelables serait à zéro », insiste Pierre Noizat. « Bitcoin permet la création d’un prix plancher qui incite à financer des projets autour de nouvelles énergies », ajoute-t-il. C’est une vraie opération écologique vers le 100 % renouvelable pour rassurer sur l’impact environnemental de la cryptomonnaie. « Il peut y avoir des surplus et un problème d’adéquation entre l’offre et la demande d’électricité », confirme Anne Boggione, chargée d’affaires chez Naldeo technologies, groupe d’ingénierie spécialisé dans la transition écologique.
Bien qu’il existe des solutions pour stocker les surplus, cela dépend cependant du réseau, quand celui-ci est suffisamment développé, comme en France et en Europe. Ou bien la retenue d’eau par les barrages, en amont de la production d’hydroélectricité. Enfin, le stockage sur batteries se développe de plus en plus. « On peut stocker mais jusqu’à un certain point », rétorque Pierre Noizat, estimant qu’il y aura toujours des surplus. « Le minage de bitcoins est une des réponses pour établir un prix plancher », enchaîne-t-il.
Et si beaucoup de mineurs utilisent des surplus pour payer l’électricité moins cher, ceux-ci poursuivent certainement une croisade qui conduira à l’utilisation des énergies toutes issues du renouvelable. Plusieurs études se sont succédé et permettent aujourd’hui à qui veut, l’évaluation de la part d’énergie issue des multiples sources ainsi que celui de l’hydroélectrique dans l’industrie mondiale du minage. À partir des résultats d’un sondage publié le 1er juillet, Bitcoin Mining Council (BMC), estime que 56 % du minage mondial s’effectue au moyen des énergies renouvelables. Certes, outre l’énergie utilisée, le minage ferait fonctionner jusqu’à un million de machines (des ASIC) dans le monde. Selon Sébastien Gouspillou, « c’est une goutte d’eau dans l’océan par rapport à la quantité de smartphones fabriqués », qui se comptent en milliards sur la planète. « C’est un secteur où il n’y a pas d’obsolescence programmée, avec des machines qui ont plus de cinq ans et fonctionnent encore », renchérit-il. Reste à mettre en place une filière de recyclage pour ces ASIC, fabriqués notamment en Chine. Et pour la communauté crypto, à convaincre le grand public et les dirigeants politiques que le bitcoin est une solution d’avenir, sur le plan financier comme environnemental. Plus surprenant, en septembre dernier, Nayib Bukele, président du Salvador annonçait sur son compte Twitter le début du mining du bitcoin à partir de l’électricité produite par une centrale géothermique issue du volcan Santa Ana. À cette allure, plus rien est à craindre, la grande marche vers le 100 % vert est amorcée et plus rien ne va freiner les efforts.
Rédigé par Guellord Mbusa pour Cointribune.
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