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Nomophobie : ce qu'il faut savoir de la peur d'être privé de son téléphone

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Nomophobie : ce qu'il faut savoir de la peur d'être privé de son téléphone
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Le selfie s'est fait bannir des marches du festival de Cannes, les vacances "digital detox" gagnent du terrain, un Français sur quatre envisage de supprimer son compte Facebook... mais l'addiction au smartphone, elle, reste bien ancrée.

La constante amélioration du smartphone nous rend toujours plus accro, plus "connecté". Une addiction qui porte désormais un nom, venu de la contraction d'une expression anglaise "no mobile-phone phobia", la nomophobie, ou "la peur excessive d'être séparé de son téléphone mobile".

Mais est-ce que cette phobie existe vraiment ? Comment savoir s'il on est soi-même nomophobe ? D'ailleurs... tout le monde ne le serait-il pas plus ou moins ? Et si c'est le cas, comment peut-on entamer une detox ?

Parce que oui, on peut bel et bien parler de cure de désintox. Lorsqu'un nomophobe se retrouve séparé de son téléphone, il éprouve les mêmes symptômes qu'un drogué en cas de manque : du stress, de l'anxiété et un repli sur soi. Et cette dépendance est étendue : 50% des 18-34 ans consultent leur téléphone dès le réveil, avant même de se lever.

Une entrée officielle parmi les "troubles mentaux"

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Michael Stora, psychologue et fondateur de l'Observatoire des Mondes Numériques en Sciences Humaines, explique à RTL.fr que ce besoin compulsif de consulter son téléphone est devenu un trouble réél, "on s'est rendu compte que lorsque une personne n'a plus de batterie sur son téléphone, cela peut provoquer des angoisses terribles, des états d’anxiété impressionnants. Des réactions qui nous montrent que l'on est tous devenus accro à notre smartphone."

Nomophobie : ce qu'il faut savoir de la peur d'être privé de son téléphone

Cette dépendance a pris tellement d'ampleur que certains psychiatres suggèrent d'intégrer la nomophobie dans la DSM, le Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux. Pour les plus atteints, nos smartphones peuvent même provoquer des décharges de cortisol dans notre organisme... à savoir que le cortisol est l'hormone du "stress sévère".

Notre dépendance au smartphone peut s'accompagner d'autres signes alarmants comme le souligne France Inter. Comme par exemple des hallucinations sonores et des signaux inexistants. Qui n'a jamais sorti son téléphone de sa poche en pensant l'avoir senti vibrer ?

Pourquoi devient-on nomophobe ?

"Je pense que souvent on accuse le smartphone en faisant l'économie d'une réflexion plus compliquée du contexte dans lequel on regarde nos écrans." analyse Michael Stora avant de s'interroger, "quand un ado n'arrête pas d'être sur son téléphone pendant le dîner, est-ce parce qu'il est vraiment accro ou parce qu'il est sans cesse interrogé sur sa réussite scolaire qui le renvoie à une position d'enfant, alors qu'il aimerait peut-être parler d'autres sujets ?"Le smartphone garde une puissance addictive impressionnante. Une sorte de "doudou sans fil" rassurant pour certains, qui donne la sensation de garder le contrôle sur nos relations, voire même sur nos pensées.

Plus question de s'ennuyer, si l'attente d'un bus devient trop longue, il suffit de sortir son téléphone de sa poche pour combler les minutes qui passent. Pour Michael Stora, consulter frénétiquement son téléphone "va au delà de l'ennuie, c'est un évitement de sa propre pensée" explique-t-il avant d'ajouter que "l'ennuie, c'est aussi se laisser aller à des rêveries. Et puisque notre vie n'est pas toujours rose, au lieu de se confronter à une émotion qui n'est pas positive, nous allons sur notre portable pour ne pas réfléchir."Au-delà d'un rempart à nos pensées négatives, le smartphone est également un rempart à nos sens, et par extension, à nos souvenirs. En prenant l'exemple d'un paysage magnifique que l'on photographie avec un téléphone, Michael Stora conclue sur notre mémoire sensorielle mise à mal par notre téléphone, "lorsque l'on est face à ce paysage il n'y a pas que l'image que l'on capte, mais aussi le son, l'odeur, parfois, on a même envie de toucher l'herbe. C'est finalement dans cette mémoire sensorielle que les choses prennent corps, le visuel n'est pas très empathique. Le tactile, lui, l'est."

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