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Muriel Robin, héroïne de Mon Ange (TF1): «J’aime les gens qui dérangent»

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Muriel Robin, héroïne de Mon Ange (TF1): «J’aime les gens qui dérangent»
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Suzanne cherche toujours désespérément sa fille, Julie, disparue depuis huit ans. Une vieille photo dans un journal, celle d’une manifestation rurale sur laquelle elle croit reconnaître le pull qu’elle portait alors, lui redonne espoir… La voilà partie, avec son auto et son inséparable chienne, mener l’enquête dans ce village. Acharnée, pète-sec, Suzanne va bousculer une jeune capitaine pleine de certitudes (Marilou Berry) et son vieux flic de père (Patrick Chesnais)... TV Magazine a rencontré Muriel Robin au festival de la fiction de La Rochelle, en septembre dernier, où Mon Angea remporté le prix de la meilleure série 52 minutes. Elle s’y confiait, comme toujours, avec une profonde sincérité.

TV MAGAZINE. - Qu’est-ce qui vous a séduite dans ce projet?

Muriel ROBIN.- Le thème du pardon m’intéresse. Comment pardonner au tueur de son enfant. Et l’alcoolisme féminin. Je m’y suis retrouvée. J’ai aimé ce personnage parce qu’elle est seule, parce que ça se passe à la campagne, parce qu’elle dérange. Et j’aime les gens qui dérangent! Parce que sa blessure est grave et que les femmes sont incroyables de courage. Elles me bouleversent depuis que je suis petite. Je les vois porter des enfants, être joyeuses, intelligentes, aller au boulot, se battre, comme Suzanne, pour un truc de justice, pour que la vie soit un peu moins dure. Suzanne a perdu cette enfant et elle est seule contre tous. Elle a des sacs de larmes. Elle est dure mais tellement cassée dedans, fragile. Elle va aller au bout. Les gens doivent dire: «Vous savez, c’est cette folle qui croit que sa fille est vivante...» Mais elle trace! On ne l’a pas gardé mais, dans le scénario, elle laissait un mot sur la porte à sa fille chaque fois qu’elle allait travailler: «Julie, je reviens».

Comment avez-vous abordé ce personnage?

Muriel Robin, héroïne de Mon Ange (TF1): «J’aime les gens qui dérangent»

On ramène toujours les personnages à soi. J’ai une Suzanne à l’intérieur de moi et j’aurais toujours une Jacqueline Sauvage à l’intérieur de moi. Je dis oui à un rôle de manière chimique et viscérale, je n’intellectualise jamais. Je l’ai abordée avec beaucoup de silences. Ça me plaît. Le spectateur peut y mettre ce qu’il veut. Et c’est flatteur pour l’actrice. Cela crée de l’émotion. Lors de la préparation, le mot de western avait été employé. On peut imaginer qu’elle entre dans un saloon, toutes les têtes se tournent, on entend un coup d’harmonica... C’est un thriller très lent avec des non dits.

Vous avez fait aussi référence à France McDormand dans Three Billboards ...

Oui, c’est de la même facture. Mais je n’ai pas voulu copier cette magnifique actrice. On est dans le secret des villages, ce côté figé. Alors que je trouve intéressant d’être dérangée, bousculée, de perdre mes repères pour en trouver d’autres.

Vous dites vous lever chaque matin en mode : Zorro qui veut sauver le monde...

Oui, je continue notamment à me battre contre les violences faites aux femmes. Ça bouge, mais vraiment à petits pas. Nous allons devoir retourner au charbon. J’ai promis à ces femmes que j’irai jusqu’au bout.

Quel est votre regard sur le traitement du féminisme dans les fictions. Ne le trouvez-vous pas ces excès parfois contre-productifs?

Je regarde peu. Mais j’entends ce que vous dites, ça me parle. J’en reviens à Suzanne. Je me suis longtemps sentie seule, avec une sexualité pas claire. Je me suis cherchée car je ne suis pas une homosexuelle, je suis une hétéro ouverte! J’étais bien seule à Saint-Etienne. On est regardée, on dérange. Ça m’a plu chez Suzanne. On a un temps d’avance, on se dit que ça bougera autour, mais en attendant… On est obligée d’avoir la tête haute, je faisais même tout pour me faire remarquer, choquer. Vous en voulez? Je vais vous en donner! Même dans le monde des artistes, c’est aussi un sacré truc. Et quand il faut mettre une fille dans les bras d’un homme et qu’on a le choix entre une peut-être homo et une certainement hétéro, on fait le choix de l’hétéro, c’est plus simple.

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