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Les huit séries anglaises que vous allez (peut-être) adorer

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Les huit séries anglaises que vous allez (peut-être) adorer
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Sébastien Mauge

Publié le 13/05/18 mis à jour le 08/12/20

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De la sensation “Killing Eve” à la brillante “The Split”, retour sur les nombreuses productions britanniques proposées lors des festivals français CanneSéries et Séries Mania 2018. Entre drames post-Brexit et comédies conceptuelles délirantes, elles affichent comme toujours un ton original et une audace jamais démentie.

“Killing Eve” (BBC America et bientôt Canal+)

Même si elle est diffusée sur BBC America, la nouvelle série de l’épatante Phoebe Waller-Bridge (Fleabag) est british jusqu’au bout des ongles. Ce jeu du chat et de la souris entre une employée du MI5 (la Canadienne Sandra Oh, impeccable) et une psychopathe terrifiante (notre chouchoute Jodie Comer, remarquée dans Dr Foster et Thirteen), est d’une classe folle. Violente, fun, chic, smart et pop, la série est un thriller palpitant, doté d’éclats d’humour pince-sans-rire. Le rythme enlevé, façon Swinging London croisé avec la Nouvelle Vague, est rehaussé de dialogues aux accents godardiens période Une femme est une femme (« Who is a woman ? »), de musique frenchy au-delà du cool (Anna Karina bien sûr, Françoise Hardy, Brigitte Bardot) et d’une B.O. archi groovy signée David Holmes, comparse de Steven Soderbergh. Déjà formidable dans Fleabag, le « female gaze » régénérant de Waller-Bridge fait de Killing Eve un pamphlet féministe qui joue discrètement sur l’inversion des rôles masculins/féminins sclérosés et la déstabilisation permanente du pouvoir des hommes. Un divertissement élégant, terriblement réjouissant, qui change mine de rien notre regard.

“The Split” (BBC One)

Cette lumineuse histoire de quatre femmes d’une même famille, dont trois sont conseillères juridiques spécialisées dans les divorces, est un vrai délice de comédie dramatique profondément humaine. Une fiction post-Brexit sur les divisions, les choix de vie et les amours usées, formellement emballante (dialogues pétillants, caméra sans cesse en mouvement), qui n’hésite pas à gratter son étincelant vernis pour mettre à nu les émotions contradictoires de ses protagonistes, dont Hannah, interprétée par l’indispensable Nicola Walker. Critique complète ici.

“Come home” (BBC One)

L’Anglais Danny Brocklehurst est capable du très bon (Shameless), du bon (The Driver) et du médiocre (Safe, pour Harlan Coben). Ce drame en trois épisodes, sur une femme qui abandonne mari et enfants sans raison apparente, entre aisément dans la première catégorie. Rarement réflexion sur les raisons du déchirement d’un couple aura été aussi subtile et complexe, alternant les points de vue de chaque partie pour mieux nous faire douter. Le tout traité comme un thriller à rebondissements, à la mise en scène âpre et brutale, proche des corps et à hauteur de cœurs. Un drame intense, qui ne recule devant aucun tabou, avec Paula Malcolmson et Christopher Eccleston, tous deux époustouflants.

“Kiri” (Channel 4)

Les huit séries anglaises que vous allez (peut-être) adorer

Lauréate du Prix du panorama international à Séries Mania, cette minisérie complexe sur l'adoption et les préjugés de la société britannique, signée Jack Thorne (Monstre sacré), et avec une Sarah Lancashire encore formidable, nous avait déjà tapé dans l’œil lors de sa diffusion cet hiver sur Channel 4. Critique complète ici.

“The City and the City” (BBC Two)

Le scénariste Tony Grisoni (Southcliffe, L’Homme qui tua don Quichotte) adapte le roman noir dystopique de China Miéville dans cette minisérie sur un territoire européen imaginaire, coupé en deux villes, Beszel et Ul Qoma. Pour éviter les conflits, les habitants ont littéralement appris à ne pas voir ceux qui habitent de l’autre côté. C’est dans ce contexte étrange que l’inspecteur Tyador Borlu enquête sur le meurtre d’une étudiante d’Ul Qoma dont le cadavre a été découvert à Beszel. Evoquant autant le Mur de Berlin que le repli sur soi du Brexit, l’histoire de ce flic usé et tourmenté par son passé (David Morrissey, tout en barbe et moustache) a été vue mille fois. La gémellité contrariée des lieux dans lesquels il évolue est en revanche passionnante et permet à ce polar poisseux d’aborder des questions politiques et sociales importantes (les extrémismes, la crise des migrants, les dérives sécuritaires). Chaque ville a sa signature visuelle. La brouillonne Beszel est baignée dans un magnifique jaune passé, comme une carte postale oubliée, et l’anguleuse Ul Qoma dans un bleu froid et aseptisé. La mise en scène joue habilement sur le flou, les reflets et les effets de symétrie pour illustrer la schizophrénie topographique de l’ensemble. Les deux cités vont-elles réussir à se regarder en face ?

“Kiss me first” (Channel 4 et bientôt Netflix)

Après Skins, Bryan Elsley revient ausculter les tourments de la jeunesse, cette fois par le prisme de l’évasion grâce aux mondes virtuels. Leila, 17 ans, se retrouve seule, après la mort de sa mère, et tente d’occulter son chagrin en jouant à un jeu en ligne, Azana. Elle va découvrir une société secrète au sein de cette réalité parallèle, dans laquelle des jeunes partagent des douleurs cachées, jusqu’à ce qu’un drame se produise. La série met en scène le désespoir de personnages se réfugiant dans un lieu utopique, qui fonctionne comme une drogue. Mystérieuse, envoûtante, avec des plans rêveurs et une superbe musique, et malgré des scènes en images de synthèse vieillottes (on est loin de Ready Player one), Kiss me first est une belle série sur le deuil, la mort supposée du lien social opposée à l’envie de ressentir à nouveau une pulsion de vie. Comme souvent pour les âmes esseulées, l’espoir de se libérer de ses fardeaux traumatiques prendra la forme de l’amour.

“High & Dry” (Channel 4)

Inconnu en France, Marc Woottonécume les plateaux de séries comiques anglaises avec sa galerie de personnages depuis une quinzaine d’années. Il a créé le pilote de High & dry il y a trois ans et la suite débarque finalement cette année sur Channel 4. L’histoire de ces cinq rescapés d’un crash d’avion, prisonniers d’une île déserte, ne fait pas dans l’humour fin mais propose néanmoins une récréation joyeusement débile, grâce à d’affreux personnages, aux traits de caractère exacerbés (le steward passif agressif en mal d’affection, la retraitée guindée, la bigote persuadée d’être punie par un châtiment divin…). Le tout évoquant Lost, Seul au monde, The Last Man on earth… voire Koh-Lanta.

“Action Team” (ITV 2)

Autre comédie écrite et interprétée par un acteur, Tom Davis, Action Team est une parodie léchée de film d’espionnage high-tech, dotée de moyens importants. Elle suit les missions périlleuses d’une équipe du MI6, composée d’une agente nymphomane, d’un fana de la gâchette, d’un stagiaire (!) et de leur chef, aussi idiot qu’imbu de lui-même. Le décalage entre les scènes d’action « sérieuses » et le ton potache, voire graveleux fait tout le sel de cette série qui fait furieusement penser à Austin Powers (comme Mike Myers, Davis joue le rôle du héros et du méchant !).

Sébastien Mauge

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